Les Dominicains du Caire

Depuis les années 50 les Frères Dominicains installés au Caire se spécialisent dans l’étude de la culture arabo-musulmane. Rencontre avec une confrérie de chercheurs de haut rang, dont l’objectif est unanime: impulser, créer et renforcer le dialogue interculturel et interreligieux

Derrière la palmeraie, la bibliothèque ultra moderne des Dominicains

L’endroit respire la sérénité. Dressée dans un superbe jardin d’un quartier tranquille d’Abbasiah, la paroisse des Frères Dominicains invite à la concentration.

Mais loin du stéréotype des austères couvents pour hommes en soutane, la paroisse allie le spirituel à la modernité matérielle: derrière le bâtiment où huit Frères sont toujours logés, une bibliothèque ultra-moderne accueille chercheurs et étudiants dans sa salle de lecture sophistiquée, équipée d’un catalogue en ligne et d’une réserve souterraine.

Spécialisation et ouverture 
"On a du revoir les conditions d’accès et le limiter aux étudiants à partir de la maîtrise. Sinon, tous les professeurs d’universités nous envoyaient leurs étudiants et ce n’était plus gérable", raconte Jean Druel. 
Ce jeune Frère, spécialiste de linguistique arabe, illustre bien la double exigence de l’Institut Dominicain d’Etudes Orientales (IDEO): très haute spécialisation scientifique et ouverture au monde. Des chercheurs accessibles, en quelque sorte. Une ouverture non seulement spirituelle, à travers un incessant travail de rapprochement des cultures, mais également physique: parmi les huit résidents permanents de la paroisse, sept travaillent à l’extérieur, la plupart du temps en tant que professeur.

Un espace de dialogue 
En dehors de leur travail, les Frères suivent le quotidien paroissial "classique", entre les trois prières quotidiennes collectives, les repas partagés et les discussions théologiques. Il y a aussi les nombreux visiteurs à accueillir. Les membres de la confrérie basés hors d’Egypte, d’abord, mais aussi les stagiaires et les chercheurs qui viennent travailler ici quelques semaines par an.

"Etre religieux Dominicain et consacrer sa vie à l’étude de l’Islam, ce n’est pas banal", reconnaît Jean Druel. Une particularité qui explique aussi que peu de Coptes intègrent la Confrérie. Ce qui n’empêche pas les relations intercommunautaires. "Mais nous avons plus de relations avec Al Azhar, par exemple".

En ces temps où l’instrumentalisation des différences religieuses et culturelles semble avoir bonne presse, un sanctuaire comme l'IDAO rappelle que si le dialogue est possible, il passe par la connaissance de l'autre et la lutte contre l'ignorance.

Arnaud Saint Jean (www.lepetitjournal.com/le-caire) Lundi 10 juin 2013 (réédition)

l’Institut dominicain d’études orientales du Caire 



Le 9 juin 2013, l’Institut dominicain d’études orientales du Caire a célébré ses 60 ans. Invités d’honneur ont été Sa Sainteté le pape Tawadros II, Patriarche d’Alexandrie des coptes-orthodoxes et Dr Ahmad el-Tayyeb, Grand Imam d’al-Azhar.

Bien connu dans le monde de la recherche, l’IDEO souhaite, à travers cette célébration, mettre en valeur la pertinence de sa mission, dans un contexte politique et culturel où l’Islam fait peur et où des pays à dominante musulmane, comme l’Egypte, peinent à trouver un chemin vers la démocratie.

Dès ses débuts au 13e siècle, l’Ordre dominicain a eu le souci de la rencontre avec le monde musulman et de mieux connaître sa culture. Des communautés furent créées à Tunis, Constantinople, Bagdad.

L’Institut dominicain d’études orientales a été créé au Caire en 1953, par l’Ordre dominicain à la demande du Saint-Siège, pour ouvrir un espace de dialogue, en dehors de tout prosélytisme, avec le souci d’une meilleure connaissance mutuelle entre chrétiens et musulmans.
Il est implanté au Caire, grande métropole du monde arabe, dans un quartier proche de la prestigieuse université d’al-Azhar avec qui l’IDEO entretient des relations cordiales.

Son fondateur, le père Georges Anawati, et ses premiers collaborateurs, Jacques Jomier et Serge de Beaurecueil, ont très vite donné à l’IDEO une grande notoriété en raison de leurs compétences dans divers domaines de la culture musulmane, amis aussi par leur sens de l’amitié. Au nombre d’une douzaine, les frères dominicains qui animent aujourd’hui l’Institut sont soucieux de poursuivre leur tâche dans le même esprit : connaissance respectueuse de l’autre et qualité de la relation humaine.

Outre cette équipe de chercheurs, l’IDEO accomplit sa mission au travers d’une bibliothèque riche de 155 000 volumes, pour une part en langue arabe, et d’une grande collection de revues scientifiques. Le tout est mis gratuitement à la disposition des lecteurs venant des Universités égyptiennes ou étrangères.

Un gros effort a été fait au cours des années récentes pour informatiser le catalogue de cette bibliothèque, en mettant au point un logiciel spécialisé, alKindi, qui prend en compte les spécificités de la culture arabe. Ce catalogue, accessible sur Internet, est très apprécié par les chercheurs.

En 2013, l’IDEO s’est lancé dans un programme de recherche, en partenariat avec l’Union européenne, visant à contextualiser 200 auteurs du patrimoine musulman classique, de manière à aider les étudiants chercheurs à en faire une lecture plus nuancée.

L’IDEO publie aussi depuis 1954 une revue spécialisée, Mélanges de l’Institut dominicain d’études orientales (MIDEO), où sont publiés les travaux des membres de l’Institut et de collaborateurs proches.

L’IDEO a également installé auprès de sa bibliothèque une Maison des chercheurs qui permet à des étudiants ou professeurs étrangers de bénéficier d’un accès privilégié à la bibliothèque, dans un cadre de calme et de sérénité difficiles à trouver au Caire.

http://www.ideo-cairo.org/spip.php?rubrique19&lang=en


Le jardin des Dominicains

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Le couvent des frères dominicains du Caire a été construit dans les années 30 sur un terrain qui leur a été vendu en 1931 à moitié prix par le roi Fouad en remerciements des services rendus par le frère Jaussen, pour y fonder un centre de recherche. Ce terrain, alors désertique s'étendsur plus d'un hectare et se situe dans la zone historique des cimetières, à quelques centaines de mètres au nord de Bab al Futuh, Bab el Nasr et Khan el Khalili.

Les premiers arbres ont été plantés par les frères peu après la fin du chantier (dattiers, oliviers, flamboyants,ficus et eucalyptus). Grâce aux efforts persévérants des jardiniers, d'amis et de frères, le jardin est devenu une oasis de fraîcheur rassemblant plus de 200 espèces d'arbres, de fruitiers, d'arbustes, de fleurs et de succulentes.

Pendant des années, les scouts égyptiens ont campé à l'emplacement actuel de la bibliothèque. Depuis 2002, un nouveau camp a été aménagé pour eux à l'entrée du terrain. Il est maintenant dévolu régulièrement aux loisirs d'un orphelinat de filles.

Au coeur de la ville du Caire, bruyante et asphyxiée, ce jardin est apprécié par de nombreuses personnes qui viennent s'y ressourcer, étudiants, lecteurs et amis. Soyez les bienvenus !

Aidez les à poursuivre ce projet !

Vous souhaitez les aider à poursuivre ce projet de jardin, oasis de verdure et de fraicheur au Caire ?

Pour cela, vous pouvez donner l'équivalent :

  • d'une journée d'entretien : 150L.E. ou 20 Euros
  • d'une semaine d'entretien : 1000 L.E. ou 140 Euros
  • d'un mois d'entretien : 4500 L.E. ou 600 Euros

En espèce ou par chèque à l'ordre du Couvent des Pères Dominicains (encaissable en Egypte) ou bien à l'ordre des Dominicains du Caire (encaissable en France)

Merci de votre soutien !