LES COPTES CHRETIENS D’EGYPTE deux mille ans de christianisme

L’existence des chrétiens ou des Églises chrétiennes dans les pays Arabo - musulmans du Proche-Orient est généralement ignorée par les occidentaux. Cette ignorance provient du fait que l’on confond les termes "arabe" et "musulman". Pour une majorité de gens, un arabe est musulman et un musulman est arabe. Cette confusion provient d’une ignorance des données du monde islamique et du monde arabe. En effet, un musulman n’est pas nécessairement d’origine ou de langue arabe. Par exemple, les Turcs, les Pakistanais, les Iraniens, les Albanais, les Afghans , les Kabyles, les Berbères... etc.. sont des musulmans, mais ils ne sont ni de race ni de langue arabe. D’autre part, un arabe ou un arabophone n’est pas nécessairement de confession islamique. La preuve : la présence de près de vingt millions de chrétiens arabes ou arabophones vivent au Proche-Orient.

Il faudrait aussi préciser que ces chrétiens qui vivent en Egypte, au Liban, au Proche-Orient en général, ne sont nullement d’origine islamique. En effet, au cours des siècles passés, depuis l’apparition de l’islam et de son expansion dans le monde à partir de 632 après JC et jusqu’à nos jours, l’histoire n’a pas enregistré de conversion massive d’arabes musulmans au christianisme. C’est tout le contraire qui s’est produit et qui se passe encore de nos jours. Des chrétiens sont forcés, pour des considérations d’ordre économique, social, professionnel ou politique, de se convertir à l’Islam.

Les chrétiens de langue arabe du Proche - Orient sont donc les descendants des chrétiens des premiers siècles de notre ère, qui vivaient dans ces pays, bien avant l’apparition de l’Islam. La langue arabe est devenue, pour eux aussi, la langue dans laquelle ils prient et expriment, quand cela est possible, leur foi. Allah est le mot qui désigne Dieu en arabe : il est commun aux chrétiens, aux musulmans et aux juifs. Il faut rappeler également que la langue arabe, avant d’être la langue du Coran, était la langue des chrétiens qui vivaient en Arabie avant l’apparition de l’Islam. L’histoire nous a livré les noms des grands orateurs chrétiens et poètes de langue arabe.

 

QUI SONT LES CHRETIENS D’EGYPTE ?

Les chrétiens d’Egypte sont appelés Coptes. Les Coptes sont, avant tout, de vrais Egyptiens, identifiés à l’Egypte puisqu’ils la portent dans leur nom. Ils revendiquent avec honneur et fierté d’être les authentiques descendants directs de la nation pharaonique et les dépositaires de sa culture. "Copte" n’est d’ailleurs que l’abréviation, par suppression de la diphtongue initiale, du mot "Aegyptoi", formé par les Grecs d’Égypte au VIII°s av. J.C. sur le nom prestigieux du temple de Memphis, dédié au dieu Ptah, de l’ancienne capitale de l’Ancien Empire Het-Ka-Ptah : "château de l’âme de Ptah". Het-Ka-Ptah devenu "Aeguptoi". Le mot a été transformé par les Arabes, qui n’admettent dans leur langue écrite ni voyelle ni diphtongue initiale. Les conquérants de l’Égypte au VII°s. (642) désignèrent ainsi les habitants de la vallée du Nil : à l’époque, presque tous étaient chrétiens. Ils les appelaient " qpt ", " gpt " ou encore " cophte ". Peu à peu l’Arabe remplace la langue copte dans le parler ordinaire du pays, ensuite dans l’administration . Sous sa nouvelle forme, le mot est passé en Europe par l’intermédiaire, d’abord, des Croisés, ensuite des voyageurs, notamment des XVII° et XVIII°s., qui l’avaient sans doute rapporté de l’Égypte musulmane.

Or le peuple que les Arabes avaient trouvé en Égypte était, dans sa plus grande majorité, de religion chrétienne. Dès lors, pour la nouvelle administration, de même que le mot arabe signifie musulman, copte signifie chrétien, naturellement chrétien d’ Égypte... Le terme copte, qui avait à l’origine un sens ethnique, s’est chargé d’un sens religieux. Dès lors, on a placé sous le vocable "copte" tout ce qui, de près ou de loin, pouvait s’y rattacher. La notion s’applique à tout ce qui se rapporte à la vie des chrétiens Égypte : église, liturgie, langue, littérature, écriture, vie religieuse, monachisme, musique, arts, vie sociale, moeurs, aussi bien qu’objets d’usage courant : vêtements, bijoux, instruments de travail... etc...

Actuellement la population égyptienne, à vrai dire dans sa grande majorité( près 85%) descend de l’ancienne race, Chrétiens et Musulmans confondus. Les apports ethniques extérieurs ( Grecs, Juifs, Nubiens, Libyens, Arabes ) sont très limités. La ressemblance est frappante entre les types humains égyptiens contemporains et ceux qui sont représentés, en bas-reliefs et en peintures sur les murs des différents monuments égyptiens : mastabas, tombes, temples... etc...

Lorsque les ouvriers ont extrait du sable la statue en bois, datant de l’Ancien Empire, de "cheikh el Balad " ( le maire du village ), et qu’on l’a montrée aux touristes, ceux-ci étaient frappés d’étonnement par l’extrême ressemblance entre la statue et le notable du village. Quand vous êtes en Égypte, il est également difficile de distinguer dans la rue les chrétiens des musulmans. Mais il est cependant vrai que les Coptes se considèrent comme les authentiques descendants de la nation pharaonique et les dépositaires de sa culture car, entre la culture copte et celle de l’ancienne Égypte, il y a des liens qui dépassent le seul lien ethnique.


Wadie Andrawiss

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Wadie Andrawiss

Wadie Andrawiss est né en 1940 à Bouche-Beni Suef Haute-Egypte. Il est marié et père de deux enfants. Il a obtenu un doctorat de l’Université de Strasbourg (Sciences religieuses) en 1970, le Diplôme Universitaire Civilisation Islamique (Bordeaux III) en 1975, la Licence ès-Lettres langue et littérature Arabe (Paris III La Sorbonne) en 1985 et un D.E.A Histoire des Religions et Anthropologie Religieuse (La Sorbonne Paris IV - Département des Religions) en 1989.





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